dimanche 25 août 2013

Du 15 au 23 août - Impitoyable Mongolie

Par Emilie

Une pluie légère tombe toute la nuit, nous plions les tentes encore humides et prenons la direction de la ville d'Uliastaï. Le mauvais temps ne tarde pas à nous rattraper et à cet instant, nous savons que la journée va être difficile. La piste boueuse est dans un sale état, nous slalomons tant bien que mal, la roue arrière ne cessant de déraper. Nous roulons dans l'herbe beaucoup moins glissante, mais parfois à flanc de colline le devers est impressionnant et les motos souffrent.




Une rivière nous barre le chemin, il y a beaucoup de courant, les garçons s'entraident en marchant à côté des motos. L'eau est glaciale, on est trempé jusqu'aux os.


Nous croisons un couple de français Françoise et Benoît, eux, arrivent du soleil. Leur motivation s'ébranle quand on leur annonce ce qui les attend. Ils nous parlent d'un petit hôtel dans la ville de Uliastaï avec une douche chaude. Le rêve ! Chacun reprend sa route, la pluie a cessé, mais trempé, le froid ne nous lâche pas.
Nous rencontrons deux autres motards, Roberto l'italien et Martin le tchèque. Le sourire s'estompe de leurs visages quand on leur parle de l'état de la piste à suivre.
Nous rallions enfin la ville d'Uliastaï, après plus de 8h de pistes sous la pluie.


On s'installe à l'hôtel, ce n'est pas le grand luxe, mais on est au bout du rouleau. On met nos affaires à sécher, on prend une douche ( Après 5 jours sans, ça fait du bien ! ), un bon repas au resto attenant à l'hôtel et au lit.
Les affaires n'ont pas séché, on décide de rester un jour de plus et de se reposer un peu.

Nous nous baladons dans les rues et visitons le monastère bouddhiste qui domine la ville.







Nous quittons la ville sous un soleil radieux, et partons vers Altaï. La piste est agréable et les paysages superbes.







Nous décidons de bifurquer vers le Sud plutôt que le Nord. On en a marre de la pluie et préférons tester la chaleur du désert de Gobi. Les montagnes laissent place aux grandes étendues arides et les chameaux remplacent les yaks.














Une journée en enfer, ça commence toujours bien...
Une belle route goudronnée sur 130 km et du soleil, c'est dans ces conditions de rêve que nous quittons notre bivouac, direction Bayankhongor.

Petite pause dans un lieu de culte bouddhiste.




Nous suivons tranquillement notre route asphaltée jusqu'à son arrêt soudain. Une petite piste continue, on la suit. Nous constatons que notre trace GPS suit une piste un peu plus au Sud. On décide de couper à travers champs pour reprendre le bon chemin. J-Chris part devant pendant que nous observons un troupeau de chameaux.





On part dans le champ jusqu'à apercevoir J-Chris, descendu de sa moto, qui nous fait de grands signes pour qu'on traverse plus à l'Est. Ce que nous faisons. On roule doucement puis d'un seul coup le sol cède sous la moto et la roue avant se retrouve ensevelie.




Nous descendons de la moto, tout le sol bouge. J-Chris qui avançait vers nous s'enfonce dans le sol, nous le voyons se rouler par terre. On se dit " Ca y est, il a craqué" mais non ! C'est la technique de survie en cas de chute dans des sables mouvants... Il nous apprend que sa roue arrière est elle aussi ensevelie. Les garçons commencent à creuser, à mains nues, autour de Force Orange. C'est une sorte d'argile, la moto est littéralement scotchée dedans.



On bataillera pas moins de 3h pour sortir les motos de cette horreur, en tirant, poussant, creusant. On en sort tout sales, sans parler de Force Orange...






On sort enfin de cet enfer, on y a laissé beaucoup de force et de moral. On rejoint un petit village, on s'y arrête faire le plein d'eau et de barres chocolatées. Les mongols, comme à leur habitude, s'attroupent autour des motos. Ils touchent à tout et rigolent bien de nous voir plein de boue tout en nous filmant. D'ordinaire, on est plus cools avec leur comportement souvent pénible, mais aujourd'hui on en a marre !! Heureusement, une petite dame sort de sa Ger avec un petit seau d'eau et du savon, à notre intention. On se lave un peu, quand l'argile sèche, ça tire et ce n'est pas très agréable. Elle nous aide à nettoyer les sacoches de devant, nous la remercions vivement et quittons cet endroit. Pause pour manger nos barres chocolatées, Auré constate qu'un des joints spy de fourche fui. Changement de plan, on doit retourner à Oulan-Bator réparer. Surtout que dans la bataille avec l'argile, J-Chris y a abîmé la durite de frein avant qui perd aussi.
La piste est dans un état lamentable, les passages de tôle ondulée et de sable se succèdent, nous sommes aux portes du Gobi. Le temps non plus n'est pas de la partie et c'est sous les nuages que nous progressons. Mais la journée n'est pas fini... J-Chris s'aperçoit qu'il a une crevaison lente à l'avant, nous faisons plusieurs arrêts pour le regonfler.



Lors d'un de ces arrêts, Auré remarque que nous avons perdu notre petit sac étanche contenant nos deux vestes softshells. Impossible de faire demi-tour pour partir à leur recherche, nous sommes trop juste en essence. Les bonnes nouvelles continuent !
Il est bientôt 19h, on pense à se poser quelque part, mais une rivière énorme nous barre la route. Impossible à traverser, même à pied ! Il ne manquait plus que ça !  Une sorte de village est établi ici, on vient nous proposer de nous faire traverser sur des remorques tirées par des tracteurs. On n'a pas vraiment le choix, surtout que nous n'avons pas envie de dormir là, c'est assez glauque.
On négocie le prix à 20 000 Mnt par motos, soit 10 euros.





On traverse la rivière mais deux autres suivent, heureusement, le tracteur nous les fait toute passer. On regonfle le pneu de Force Noire et repartons. Rebelote, encore une rivière. Là, on en peut plus, aucune réflexion, on passe plein gaz.
On trouve enfin un coin où se poser. On monte le campement, un père et ses deux jeunes enfants viennent à notre rencontre sur une petite moto chinoise. On se serre la main puis il repart. Thon, concombre, maïs ( Acheté en Grèce ! ) et pêches au sirop puis un petit coup de lingette pour tenter d'enlever les restes d'argile collés à nos bras puis au lit.
Vers 2h du matin, un vent terrible se lève et soulève une tempête de sable. Auré sort pieds nus et en caleçon piqueter la tente. Le sable fin s'infiltre partout, les duvets en sont remplis. La pluie prendra le relais.

Les garçons se lèvent plus tôt pour réparer la roue de Force Noire. L'essence commence à nous manquer, nous prenons la route dans l'espoir de pouvoir atteindre la ville. L'orage n'est pas loin, nous traversons la première partie de route. De la tôle ondulée recouvre la piste, mais des trous de sable à peine visible, nous obligent à ralentir et à subir les secousses.
L'orage est devant nous, laissant les pistes boueuses et glissantes. Et c'est reparti pour une séance patinage. Force Noire part de l'arrière violemment et J-Chris ne peut éviter la chute et glisse plus fort qu'habituellement. Le pilote s'en sort sans égratignures mais une valise alu est très abîmée. On repart difficilement, la valise sanglée à l'arrière de la moto.


Les pistes mongoles sont intransigeantes, elles exigent une attention de chaque instant et au moindre relâchement, c'est la chute.
C'est avec un énorme soulagement que nous atteignons la ville de Bayankhongor. Force Orange et Force Noire sont sur la réserve, nous faisons le plein et décidons de rester dans la ville. On a besoin d'une douche et de repos. Ca sera raté pour la douche, l'eau promise à 17h n'arrivera jamais !
Le soir, un orage monstrueux de grêle s'abat sur la ville. Pour une fois on a de la chance, on n'est pas dans notre tente.


Il nous faut rallier Oulan-Bator au plus vite, mais nous ne savons pas si cela est réalisable dans la journée. Nous partons tout de même avec cet objectif en tête, en espérant que l'état de la route nous le permettra. Finalement, c'est de l'asphalte que nous trouvons. Ca roule bien malgré quelques détours de plusieurs dizaines de Km dans la boue, dû à des travaux. Le deuxième joint spy de Force Orange cède à son tour, il faut absolument rentrer à Oulan-Bator.
Après 670 Km épuisant, nous arrivons, enfin ! La traversée de la capitale est toujours aussi difficile mais nous arrivons sains et saufs à l'Oasis, notre auberge. Quelle joie d'y retrouver Ed & Lancelot revenu, eux aussi, de leur périple.
Enfin, une bonne douche !



Repos, bières... Nous reprenons nos bonnes habitudes ! Ana, nous retrouve. John est parti tenter la route de Magadan. Elle est partie faire une balade dans un parc à quelques Km de la capitale avec Baptiste, un motard français. Elle reste quelques jours avec nous avant de rejoindre John en Russie. Nous faisons nos aux revoirs à Ed & Lancelot qui rentrent sur Paris.

Force Orange et Force Noire ont droit à tous les soins.


Remplacement des joints spy avec notre ami japonais Katsumi.



L'aventure mongole se termine, enfin, on doit encore envoyer les motos en Thaïlande...

10 commentaires:

  1. quel climat ! et les motos ? c'est le (charme ) de l'aventure ,vous aurez de bon souvenirs ,prenez bien soin de vous ,de gros bisous maman catounette

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  2. Jamy le dépanneur25 août 2013 à 10:59

    Photos impressionnantes d'une KTM plantée dans la boue . Et la pelle US, quel oubli !!! Content que vous vous en soyez sortis sans trop de casse physique et mécanique . Sacré galère quand même, soyez forts !!

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  3. Que de frayeur sur ce périple j espère que ça va mieux et que vous avez le morale à nouveau je vous embrasse
    Jéjé

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  4. OMG la moto!!!!!!!!!!! Les frayeurs que vous avez du vous faire! Quitter vite ce pays!!!!!!!! Gros bisous à vous 3 !! Justine et Andy

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  5. allez les petits gardez le moral de nouveau horizons vous attendent vous vous en êtes sortis comme des chefs!!! gros bisous Dr house et Lorenzo!!!!

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  6. No pain no gain! Looks like you guys are having an awesome time!

    Love from Joseph Kennedy

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  7. L'article est épique ! Mais sans commune mesure avec le périple, j'en suis sûr.
    Effectivement, l'absence de pelle US m'étonne de votre part, mais je suis sûr que ce n'est pas un oubli, vous connaissant.

    Les impressionnants réflexes de survie de Jean-Christophe me donnent foi en votre retour sains et saufs.

    Bonne chance pour les réparations !

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  8. Hello
    Aujourd'hui c'est la rentrée pour nous.
    On suppose que les motos sont bien dans les boites et que vous les attendez à Bangkok.
    Bonne continuation, on vous suit sur le blog
    Françoise et Benoît

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  9. salut l 'équipe belle aventure et même en Mongolie il y a des baptiste lol

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