Du 02 au 19 Novembre - En remontant le Mékong

Par Jean-Chris

Le jour de quitter le Cambodge est donc arrivé. Même si il nous reste une journée sur le visa nous préférons partir un jour plus tôt pour éviter les 'taxes' spéciales du dimanche si chères aux douaniers... La route de Ban Lung à la frontière est bonne, et nous arrivons rapidement au premier guichet, celui des papiers pour la moto côté cambodgien...

 

Le douanier est sidéré quand nous lui disons qu'au moment de rentrer à Koh Khong, son collègue ne nous a donné aucun papier d'admission temporaire pour les bécanes. Il est tellement blasé qu'il ne nous demandera même pas un petit quelque chose pour 'régulariser' la situation. Le reste du passage se déroule tranquillement, même si le racket est une machine bien huilée, deux dollars US par tampon(s), tout le monde passe à la caisse et ne pensez même pas à demander une facture...

Laos, nous voilà !

Enregistrer les motos pour le Laos fut aussi joyeux que de faire la queue à la poste un jour d'affluence, sauf que là nous étions seul à attendre. Les papiers sont remplis d'une lenteur qui pourrait paraître très consciencieuse, mais non.

Nous prenons ensuite la route vers l'île de Don Khong, au cœur de la région des 4000 îles. Non, le Laos n'a pas de côtes, il s'agit bien d'îles sur le Mékong. En attendant le bac, nous sympathisons avec un bonze, il fait parti de tout un convoi qui vient célébrer des mariages sur l'île. Entrée en matière sympathique pour le Laos, on nous pose tout un tas de questions sur le voyage, on prend la pose pour les photos et ils nous viendront en aide au moment de payer le bac, quand le petit jeune voulait nous faire payer deux fois le prix normal...

Arrivés sur l'île, nous prenons la direction du petit village de Muang Khong. Alors que nous commençons à se mettre en chasse d'une bonne guest house, nous croisons un couple dont les visages ne nous sont pas inconnus. Il s'agit d'Anders et Petra, rencontrés quelques mois plus tôt à Oulan Bator ! Ils voyagent en Bmw 800 gs, mais eux ont traversés la Chine (en se joignant à un groupe de voyage organisé), le monde est petit, celui des voyageurs à moto encore plus. Nous passerons la soirée ensemble, à boire des bières et à s'échanger des bons plans; eux sur le Laos et nous sur le Cambodge.

Le lendemain, malgré les réticences d’Émilie, nous louons des deux roues sans moteurs communément appelés bicyclettes, ou vélos pour les intimes.

On peut lire la joie sur ce visage.

L'île s'avérant assez grande, nous choisissons de partir pour une boucle qui nous amènera jusqu'à la pointe sud de l'île.

La vie sur Don Khong est paisible. On y cultive le riz, dont c'est le moment de récolte. Le Mékong s'écoule doucement, géant tranquille qui pourrait être mis en péril par un projet d'un énorme barrage hydro-électrique en amont, au Laos. Les répercutions seraient terribles, il sert de fertilisant pour les terres jusqu'au Cambodge.

L'heure de la sieste.

Il y a le Bleu Danube, et le Brun Mékong.

La balade est sympa, nous longeons le fleuve au milieu des maisons des agriculteurs et des rizières. Mais, au bout d'un moment, on cherche un peu l'ombre... La belle saison arrive enfin, et le soleil tape dur !

Le long du chemin, les Sabaidee (bonjour) et les sourires sont légions. Les enfants notamment sont toujours joyeux, et souvent bon public si on leur demande une photo.

Comme toujours en Asie, la pose est de rigueur ! Même les buffles se prêtent au jeu.

Après, une bonne demi-journée à pédaler, nous ferons une bonne session de farniente l'après midi au village. Le soir, nous retrouvons nos amis bikers autour d'un verre, nous nous racontons nos déboires et nos coups de cœur et nos plans pour la suite du voyage.

Le jour suivant il est déjà temps de reprendre la route ! Pareil pour Anders et Petra qui partent pour le Cambodge poursuivre la leur. A suivre sur : http://www.twobikersoneworld.com/

Safe trip guys, we'll meet again somewhere !

Nous reprenons le bac (nous obtenons le bon prix cette fois, après négociations) et nous remontons le Mékong jusqu'à la ville de Pakse.

Non, nous avons pris un ferry qui supportent nos KTM !

Nous trouvons une petite guest house sympa et pas chère dans le centre. La ville est agréable, mais pour l'après midi on va retraverser le Mékong et se rendre à une trentaine de kilomètres au sud pour visiter le temple de Vat Phou.

Le site est superbe, il s'avance dans la plaine avant de grimper à flanc de montagne.

Même si le temple n'est pas totalement restauré, il reste un site de prières pour de nombreux bouddhistes, beaucoup de Laotiens ou de Thaïlandais y viennent.

Les escaliers pour atteindre le sommet finissent d'achever nos jambes, qui après notre virée à vélo n'ont plus l'habitude de tant d'efforts !

Mais le sommet vaut le coup d’œil ! Éléphant sculpté à même la roche, moule de statue de crocodile, captage de source et encore des gravures, le tout enchevêtré dans une jungle florissante. C'est splendide ! 

Le pied de Bouddha. Dur de trouver une paire de tong à sa taille.

Un petit temple est au centre de tout ça. Les offrandes y sont nombreuses, la sérénité se dégage du lieu.

Le jour d'après, nous reprenons les motos pour aller sillonner le plateau des Bolovens, à l'Est de Pakse. Nous nous arrêtons en premier visiter les chutes d'eau de Tad Fane, qui font plus de 120 mètres de hauteur. Très impressionnant !

Le plateau des Bolovens est aussi réputé pour son café. Les plantations parsèment la région, nous nous y arrêtons donc le temps de boire un kawa, assez fort d'ailleurs !

Nous poursuivons notre balade jusqu'aux chutes d'eau de Tad Champee. Peu fréquentées, mais elles valent le détour !

Personne n'a voulu tenter la baignade... à la Snake Farm de Bangkok, on nous a dit que les serpents aiment bien ce genre d'endroit... et puis nous n'avions pas nos maillots !

Nous devions reprendre la route le lendemain. Mais dans la nuit, une rage de dents a frappé Auré tel un deuxième ligne percutant un ailier chétif. Il part en quête d'un mécanicien spécialiste de la bouche tandis qu'avec Émilie nous partons dans notre resto favori pour dévorer des pancakes. Notre manière de le soutenir ! 

Auré revient bredouille en fin de matinée, il décide d'acheter un stock de Doliprane et d'attendre d'être sur Vientiane, la capitale, pour se faire soigner.

Nous partons visiter le marché de Pakse. Comme partout en Asie, le marché est le cœur de la ville, on y trouve de tout et de rien. Le marché a toujours une section cantine, où on peut manger entre deux emplettes. 

Le jour suivant, nous prenons la route en direction de Tad Lo, petit village sur le plateau des Bolovens, à côté d'une chute d'eau du même nom, évidemment ! En chemin, nous faisons une halte aux chutes d'eau de Phaxuam.

Au moment de repartir, la Force Orange ne veut rien savoir, plus de jus ! Pour ne rien gâcher, il pleut.

Mais le motard est un être masochiste, car ce n'est que dans ces moment là qu'il est vraiment heureux : une pluie froide, des outils qui glissent, être obligé de déballer la moitié de la moto pour trouver les câbles de démarrage... Que du bonheur !

Et non, il y a des trucs qu'un coup de WD40 ne peut réparer

Avec les câbles, la moto démarre .Mais, elle cale une fois les câbles enlevés. Finalement, nous arrivons à trouver un petit camion qui ramènera la Force Orange et son équipage à Pakse, que nous avions quitté le matin même.

De retour à Pakse, les gérants de la guest house se payent une bonne tranche de rire de nous voir revenir, surtout quand arrive le camion avec la Force Orange. Mais ils ne seront pas en reste pour nous aider à la descendre, sacrés laotiens ! 

Dans l'après midi, Auré trouve un fil dénudé, suite à un frottement, qui a vidé la batterie en se mettant à la masse. Nous trouvons quand même une nouvelle batterie, bon c'est du Made in VietNam, mais le prix défie toute concurrence et la couleur n'est pas trop moche ! 

Le lendemain est un jour triste. Dès le matin nous devons dire adieu à notre resto favori, adieu les pancakes aux miel du matin, adieu les bananas shakes et bien d'autres...Dès fois, la vie de voyageur c'est dur...

Après, un bon petit déjeuner nous (re)prenons finalement la route de Tad Lo et de ces fameuses chutes. La saison est vraiment idéale pour toutes les chutes d'eau : il ne pleut plus assez pour profiter du beau temps, mais les rivières sont encore bien chargées pour provoquer un débit impressionnant. En saison sèche, il ne coule plus grand chose.

Les chutes sont en deux parties, celles de Tad Hung (ci-dessus) et celles de Tad Lo (ci-dessous), une centaines de mètres en amont.

Nous trouvons refuge dans une des guest house près des chutes. Le petit village est sympathique.

Même si certains de ces habitants n'ont pas une allure très engageante !

En partant le lendemain, nous admirons une dernière fois les chutes. Ainsi que la rectitude du pont qui traverse la rivière...

Après quelques kilomètres, nous retrouvons une vieille amie : la pluie. Un peu plus loin (le hasard fait bien les choses) nous en trouvons une autre : la piste. Les deux ensemble font toujours une bonne journée, celle ci ne coupera pas à la règle !

Y avait pas marqué 'route' sur la carte ??

L'état des ponts rend la chose encore plus marrante.

La piste est relativement bonne, mais certaines portions boueuses sont très glissantes. L'équipage de la Force Orange s'en rendra bien compte après avoir glissé sur une demi douzaine de mètres... Plus de peur que de mal, des bons bleus aux fesses en perspective !

Nous rejoignons finalement l'asphalte. Après une bonne matinée à galérer, rien de tel qu'une aile de poulet et du riz gluant !

Nous arrivons à Thakhet dans l'après midi, le repos est bien mérité. Nous y resterons aussi le jour suivant. Faut dire qu'il y a là bas une petite boulangerie qui fait de super cookies !

Nous quittons finalement Thakhet. Nous avons prévu de suivre le tracé de The Loop (comprenez La Boucle), un itinéraire de plusieurs jours dans l'arrière pays laotien. Un tracé ponctué de... grottes ! (si vous avez pensez chutes d'eau c'est perdu)

Regardez moi cette piste comme elle est sèche !

Nous gagnons donc en premier la Buddha Cave (la grotte de Bouddha).

Photos interdites à l'intérieur ! Faudra venir voir vous même à quoi elle ressemble ! La deuxième partie de la grotte est accessible seulement en bateau, mais le niveau d'eau élevé ne permet pas l'accès à cette saison.

Nous reprenons la piste en direction de la peu fréquentée caverne de Tham Pacham. La vingtaine de kilomètres de piste qui y mène est superbe, la route serpente entre les rizières et les montagnes/falaises.

Les quatre derniers kilomètres auraient pu être l'enfer si il avait plu, mais nous arrivons bel et bien à la grotte.

Nous continuons notre route, en chemin, nous nous arrêtons à Tham Pachan, des piscines naturelles sur la rivière.

Nous finissons la journée en s'arrêtant au petit village de Ta Lang. Nous trouvons une guest house au bord du lac.

Le Laos est vraiment un pays paisible, on peut y prendre le temps de regarder pousser les cocotiers...

La pêche est aussi un agréable passe-temps.

Nous reprenons la route le jour suivant, la belle route asphaltée s'était transformée en belle piste quelques kilomètres avant Ta Lang. Pas de pluie à l'horizon, la piste est sèche : on va manger de la poussière ! (Non le motard n'est jamais content, c'est un principe) La piste deviendra un peu plus dure par la suite, mais nous retrouvons vite l'asphalte et filons vers le village de Konglor, et de ces fameuses grottes.

Les grottes de Konglor sont accessibles par bateau. Une rivière souterraine y coule sur près de 7,5 kilomètres, ralliant deux villages. Amener sa lampe frontale est conseillé !

 

Nous embarquons à bord de petites barques, un barreur à l'arrière du bateau gère le moteur, une vigie à l'avant indique le chemin. Dans le doux bruit de l'échappement libre qui résonne, nous nous enfonçons sous terre...

Un petit chemin est aménagé au milieu de la visite, il permet d'admirer de près les formations rocheuses.

Le bateau doit franchir des petites sections de rapides où il n'y a que peu de fond, sensations garanties ! Mais dès fois le passage 'plein gaz' ne suffit pas, il faut débarquer et pousser !

Mais bientôt le bout du tunnel !

Nous passerons le reste de l'après midi à balader et à discuter avec un sympathique couple de lyonnais.

Le soir nous retrouvons un vieil ami !

Le jour suivant nous roulons vers Vientiane, capitale du Laos. La première partie de la route est montagneuse et sinueuse à souhait.

Nous gagnons le centre historique de la ville et nous recherchons une guest house avec un parking pouvant accueillir les motos. La ville se révèle plutôt agréable, les boulangeries et autres restaurants français foisonnent, des promenades sont aménagées le long du Mékong et les chauffeurs de Tuk Tuk sont extraordinairement calmes !

Le palais présidentiel

Le gardien du parking

Faut avoir la main verte pour faire ça !

Mais les quelques jours que nous passerons à Vientiane ne seront pas consacrés à de la visite touristique. Auré fera soigner ses dents, puis soignera la Force Orange qui perd de l'huile et donne des à-coups depuis sa glissade. Nous poserons notre demande pour le visa Thaïlandais (une bonne matinée et la moitié d'une après midi à faire la queue, youpi !) et nous récupérerons nos passeports avec permission de retourner en Thaïlande. Nous prenons contact avec des agents de fret, pour prévoir l'envoi des motos d'ici mi-décembre. Enfin, nous récupèrerons un colis que nous attendons depuis près d'un mois : celui avec la nouvelle pompe à essence de la Force Noire !

Merci beaucoup à Dr.House et Lorenzo !

La pompe à essence installée, les visas en poche, les dents soignées, les devis de fret arrivent, la route est planifiée, juste le temps de boire une BeerLao avec Pierre (rencontré à l'hôtel) et de savourer un petit délice venu de France par colis...

Merci pour les bières, à charge de revanche. Courage à toi quand tu seras à Manille.

Et merci à la Team Maison Mobile !

...qu'il est déjà l'heure de remballer les tongs et de se remettre en route !