mercredi 6 novembre 2013

Du 18 Octobre au 01 Novembre - Et au milieu coule le Mékong...

Par Auré

La route qui mène à Phnom Penh est somme toute tranquille, de multiples traversées de villages nécessitant quand même une vigilance accrue. Logiquement, plus nous avançons vers la capitale et plus le trafic s'intensifie, à contrario de l'état de la route qui devient de plus en plus précaire.





Au Cambodge, la spécialité, c'est la livraison express de poulets...


Phnom Penh représente pour nous un arrêt historique obligatoire. Impossible de comprendre le pays et ses habitants sans malheureusement en passer par là.
Entre 1975 et 1979, les Khmers Rouges avec à sa tête le tristement célèbre Pol Pot dirigent et terrorisent le pays. La politique est de vider les villes, sources de débauche, et de mettre tout le monde aux travaux agricoles afin d'augmenter la productivité du pays.
Ancien lycée réquisitionné, la prison de Tuol Sleng ou S.21 est un témoignage des pires atrocités, des pires tortures que l'être humain puisse être capable de faire.


La "chasse" à l'intellectuel est ouverte dans le pays. L'unique fait de porter des lunettes fait de vous un intellectuel donc potentiellement nuisible au régime. Avoir les mains lisses, non calleuses, vous classe également dans la catégorie des non-indispensable au pays. Pour des raisons aussi saugrenues les unes que les autres, jeunes, vieillards, femmes, bébés sont emprisonnés, torturés, violés à S.21. Les tortures sont tellement violentes et barbares que les prisonniers avouent leur opposition imaginaire au régime, ou leur appartenance tout aussi fictive à la CIA ou au KGB. Il n'y a pas de billet de sortie à Tuol Sleng...



De petites cellules accueillant plusieurs prisonniers avec juste une caisse de munition pour faire leurs besoins...


L'endroit, au fur et à mesure de la visite, en devient étouffant, le malaise est permanent.


Ce lieu est réellement très dur, l'atrocité y atteint son paroxysme. Nous décidons d'espacer les visites et d'aller prendre un bon bol d'air.

Phnom Penh est une ville aérée, où l'on peut se promener tranquillement sur les abords du fleuve . La ville semble à échelle humaine, beaucoup moins oppressante que sa consœur de l'ancien Royaume de Siam.





Ou quand la modernité se mêle à la tradition...


Les soirées du week-end à Phnom Penh se passent au rythme du marché de nuit. Outres vêtements et chanteurs de variétés, une agitation certaine opère au niveau des stands de nourritures...




Chacun prépare son petit panier et c'est sur de grands tapis que les familles, les amis se retrouvent pour dîner...



Au sortir de la période Khmers Rouges, pas moins de 300 centres d'exécutions et charniers ont été découverts un peu partout dans le pays. C'est avec une certaine appréhension que nous nous dirigeons vers l'un d'entre eux le lendemain: Choeung Ek. A 15 kilomètres au sud de la capitale, les prisonniers du S.21, après avoir été torturés pendant des semaines, étaient amenés là puis exécutés.

Les bourreaux n'utilisaient pas de balles, trop chères et trop bruyantes, mais des pioches, des marteaux ou des morceaux de palmiers en dents de scie que les paysans utilisaient pour trancher la gorge des poulets. Un mégaphone installé sur "l'arbre magique" crachait des chants patriotiques pour couvrir les cris des victimes et faire croire aux villages environnants à une réunion du parti.

L'effroi est omniprésent sur le site, c'est insoutenable. Je ne sais pas si nous pouvons parler de choses pire que d'autres mais "l'arbre de la mort" atteint des sommets dans l'atrocité. Les exécuteurs prenaient les bébés par une jambe et leurs fracassaient la tête sur cet arbre. C'est au pied de cet arbre que Douch, chef du S.21, s'est agenouillé en pleurant lors de son procès...



Une stupa, regroupant quelques 9 000 squelettes identifiés, a été érigée en mémoire de toutes les victimes du régime de Pol Pot...
Le prix d'entrée comprend un audio-tour, chose que nous n'aurions pas forcément pris de nous-mêmes. Mais quelle bonne idée que "d'imposer" cela aux gens, dans l'abomination du lieu, les récits sont très émouvants.



Nous n'avons pas beaucoup de photos car l'envie n'y était vraiment pas. Réalisons que 20% de la population de l'époque a été décimée sous aucun prétexte pour ainsi dire, par leurs propres frères!! Les personnes que l'on peut croiser dans la rue d'une quarantaine d'année ont vécu cette tragédie, c'était hier. Le Monde leur a tourné le dos, a fermé les yeux, et pourtant maintenant les cambodgiens nous accueillent à bras ouverts et le sourire toute la journée...

Jean-Chris, après avoir épuisé le stock de jus de noix de coco de Siem Reap, a réussit à se débarrasser de la Dengue. C'est bien reposé qu'il nous rejoint sur la capitale et pouvoir profiter ainsi d'un petit repas sur tapis...



La super mission sur Phnom Penh consistait à retrouver une lettre en provenance de France, marquée comme arrivée mais introuvable au bureau de poste. Après une enquête minutieuse, il s'avère que Chronopost est pris en charge par une société privée au Cambodge mais l'essentiel est là: Mission Accomplie...


C'est donc le cœur léger que nous prenons la route plein Sud, pour retrouver la plage, les cocotiers, la vraie vie quoi.
Aux dernières nouvelles, les crabes marcheraient sur l'eau mais je ne suis pas très sûr de ce que j'avance...


Notre point de chute est Kep, petite ville bizarrement faite où il faut bien le dire, on ne se marche pas sur les pieds mais où il fait malgré tout bon vivre.
Pas très loin de la frontière vietnamienne, se trouve un petit paradis encore préservé, la plage d'Angklaur. Pas forcément évidente à trouver, ce seront les enfants du petit village de pêcheurs attenant qui nous guideront à travers les habitations...


Le but final étant, bien évidemment, qu'on joue et se baigne avec eux...



L'ombre est la bienvenue aux heures les plus chaudes, l'occasion également de déguster un calamar au poivre vert de Kâmpôt à tomber par terre...




Garçon, une noix de coco, s'il vous plaît...


Dur, dur la vie en ce moment...






Distante d'une quinzaine de kilomètres, la ville de Kâmpôt est donc célèbre pour son poivre vert. Vous lui associez un met fin tel le crabe et vous obtenez quelque chose qui ne laissera pas vos papilles insensibles...


L'arrière pays est propice aux balades, le riz arrive à maturité...



En face de Kep se trouve Koh Tonsaï, traduction littéraire: l'île du Lapin. Si, Si je vous jure!!
Ca sent la journée bien épuisante encore...



Nous n'avons pas trouvé le Lapin, mais j'ai peut-être une idée du coupable...


L'endroit est pur, la vie paisible...





Quelques bungalows en bois pour accueillir les rêveurs...


Et puis nous qui...mangeons...



Depuis notre arrivée au Cambodge, la nourriture est tellement bonne et variée que si je m'écoutai, je mangerai un plat toutes les trois heures. Je me suis posé la question si c'était un passage obligé du voyageur au long cours ( français de surcroit ) ou juste le douloureux souvenir culinaire de notre passage en Russie et Mongolie. Ahhh c'est peut-être pour ça que je pleure en mangeant et, tout en postillonnant, je dis aux autres: c'est tellement bon!!

Profession: testeur de hamacs...


Bellâtre: homme au physique avantageux...


Coucher de soleil sur Kep...



Un mot me vient à l'esprit pour définir la région: AUTHENTIQUE.





Entre rizières...


Terre rouge...



Et marais salants...






C'est superbe, même les buffles ne veulent plus partir...



Il est grand temps pour nous de mettre cap au Nord et petit à petit se rapprocher de la frontière laotienne. Ces visas de 30 jours semblent vraiment courts mais au final ils nous posent une limite sinon dans un an on est encore en Asie du Sud-Est!!

Pour couper l'étape, nous refaisons une halte à Phnom Penh. Il me faut trouver de la graisse pour la chaîne car mon graissage automatique Scottoiler ne veut plus rien savoir. A tout hasard, je passe chez KTM Cambodia, magasin ouvert il y a moins d'un an. Habitués à vendre pour l'instant des petites cylindrées, la 950 Adventure passe pour une bécane d'une autre planète. Ils n'ont pas de graisse pour ma chaîne mais le patron tient absolument à ce que je ne reparte pas les mains vides et envoie un des mécaniciens m'en chercher. Pendant ce temps je me prête au jeu des photos avec tout le staff!! Rien que le fait de sortir mon porte-monnaie pour tenter de payer la graisse m'attire les foudres de toute l'équipe...

Nous posons nos roues, le lendemain, plus haut sur le Mékong et la petite ville de Kratie (prononcez Kratché). La pêche est une des ressources majeures, directement du fleuve aux étals du marché...




Partout au Cambodge, ce que l'on considère chez nous comme un pyjama, est en fait ici une jolie tenue pour la journée. A Kratie plus qu'ailleurs, le pyjama fait fureur...


Kratie en fin de journée...





Qui dit soleil couchant, dit petit apéro...



A une quinzaine de kilomètres au Nord, à quelques coups de rames du village de Kampi, se trouve une espèce animale en grand danger d'extinction: le dauphin de l'Irrawaddy.
Un tourisme responsable les sauvera peut-être, en tout cas, et comme très souvent au Cambodge, un prix fixe est appliqué pour le bateau et les recettes sont également réparties entre les bateliers.





L'approche se fait à la rame puis la magie opère. Nous apercevons très bien les dauphins et leur "nez" arrondi si caractéristique. Par contre, là où ça devient marrant, c'est pour prendre une photo. Quand les dauphins sortent de l'eau, ils émettent un bruit d'expiration, c'est comme cela que nous pouvons les localiser. Mais de là à être au bon endroit, au bon moment avec l'appareil photo, c'est encore autre chose. Au final, l'essentiel est d'avoir pu assister à un superbe spectacle de la nature...





Les villages bordant le Mékong sont plein de vie, les maisons sur pilotis en prévision des éventuels caprices d'un fleuve...













Le temps passe à une allure folle, déjà 5 mois sur la route...



Toujours pas de pompe à essence, mais ça ne saurait tarder si tout va bien, donc arrêts réguliers aux stations services...


Nos derniers jours au Cambodge se feront à Ban Lung, province du Ratanakiri. A l'extrême nord-est du pays, la région regorge de beauté naturelle tel le lac Yaklom, ancien cratère volcanique...




Parfois, dans les gargotes, la traduction anglaise ne correspond pas au plat. Ici, par exemple, une assiette nommée "meat balls", boulettes de viande théoriquement, était en fait du tofu revenu dans une sauce bizarre et des espèces de rondelles indéterminées au poisson et surimi (on suppose) accompagnés de concombres (ça on est sûr). L'affrontement a été violent...


Les chutes d'eau de Cho Ong, les plus hautes de la région...





Le Tree Top Ecolodge est un super point de chute à petit prix, à flanc de montagne dans la forêt...


Moment solennel, l'heure des comptes...


Le lendemain, nous partons nous balader vers le village de Ta Veng, de grandes pistes pourpres serpentent à travers la forêt...











Les chutes d'eau de Kachang...



Le soir, nous sommes invités au Terre Rouge par Pierre-Yves, le propriétaire des lieux, que nous avons croisés quelques jours auparavant sur Kratie. Les discussions motos, voyages, itinéraires sont légions, mais également sur la région qu'il connaît parfaitement. Merci encore Pierre-Yves pour l'accueil.

Voilà, une nouvelle page se tourne. Le Cambodge nous a conquis, tant de paysages, tant de sourires, ce pays est un émerveillement permanent.
Nous l'avions constatés déjà dans les Cardamomes puis revus dans le Ratanakiri mais beaucoup d'investisseurs étrangers et/ou gens malhonnêtes profitent ou pillent le pays de ses richesses, tel le bois. Maintenant que la paix est revenue, ce serait dommage que les profiteurs en tout genre viennent gâcher un si beau tableau.

Pour nous c'est le Laos qui se profile à l'horizon, allez tu viens...






6 commentaires:

  1. Très bel article. On sent vraiment que le Bellâtre et la Testeuse de hamac sont conquis par le Cambodge et sont à deux doigts de s'y établir. Le Convalescent pourrait être échaudé par son expérience de maladie tropicale mais ça n'a pas l'air d'être le cas.
    Continuez comme ça, vous vendez du rêve !

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  2. Superbe article comme d'hab! Le bellâtre écrit vraiment bien. Par contre vous avez beaucoup maigrit!!! Malgré toute cette nourritures!
    Gros bisous, vous me manquez ! <3

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  3. coucou,en lisant et en regardant vos photos ,je suis partis au Cambodge avec vous ,je vous embrasse bien fort et prenez soin de vous ,Justine à raison vous avez bien maigrit ,maman catounette

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  4. Jamy le Dépanneur6 novembre 2013 à 19:18

    Des pistes sans boues, des paysages enchanteurs . Des commentaires mêlant émotions et coups de cœur . Merci pour le voyage dans un pays qui vous a conquis !!!

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  5. vraiment sympa votre périple,bonne continuation.

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  6. Waouh!
    Vraiment vous avez été gâté par la saison des pluie! Je pensais pas que vous auriez de la boue comme ça. Dire que je suis passé là bas fin novembre et que les pistes étaient sèches. Vous avez les souvenirs en plus ; )
    Vous allez adorer les routes et pistes du Laos. Il y a beaucoup de montagnes et peu de trafique. Le plateau des bolovens c'est sympa. Il y a des grottes de 7 km de longueur. Je n'y suis pas allé mais ce doit être à faire. Je pense que c'est Khammouan, à contrôler. C'est après Savannakhet en remontant.
    Bon courage et bravo pour vos articles.
    Baptiste et Ginette.

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