lundi 16 juin 2014

Du 20 Mai au 04 Juin - Latitude Zéro

 Par Auré,

En ce 20 Mai de l'an 2014, il flotte comme un doux air de joie, un vent de bonheur. Marqué avec un petit galet blanc, 365 jours plus tôt, nous avons enclenché la première, quittés Calenzana et l'Ile de Beauté, pour tenter de réaliser notre rêve. Un an de route plus tard, jamais les regrets ne nous ont envahi quant à notre choix de tout quitter, bien au contraire. La Turquie, la Mongolie, tout cela semble à bien des années lumières, mais croyez-moi, c'est de la MAGIE au quotidien.

En ce jour festif, quoi de plus normal que de se faire un petit cadeau. J'ai une idée originale...un petit passage frontière...lieu de convivialité et de réjouissances. Trêve de plaisanterie, le passage entre la Colombie et l’Équateur est simple et rapide, quelques photocopies (couleurs s'il vous plaît) pour l'importation temporaire de la moto et le tour est joué...




En Équateur, comme dans pas mal de pays finalement, le dollar US officie en guise de monnaie nationale. C'est également des prix d'essence bien bas (moins de 40 centimes d'euros le litre!!) mais c'est la continuité de la Colombie au niveau des sourires et de l'accueil. Génial. Nous posons nos roues dans un camping aux abords de la lagune Yahuarcocha, près de la ville d'Ibarra.

En Colombie, les plats se composent d'un morceau de viande ou de poulet, accompagnés de pommes de terre (frites en général), de riz, de haricots rouges, de bananes, et parfois de quelques pâtes. Non ce n'est pas au choix, c'est tout dans la même assiette... C'est généralement bon et vraiment pas cher, mais pour enrayer cette dose anormale de féculents, rien de tel qu'un beau supermarché (bien fourni en Équateur) et de la bonne cuisine "camping". Vive les légumes!!


L'occasion également de faire un peu d'entretien sur les motos...


Au détour d'un coup de chiffon, je m’aperçois d'une anomalie sur une prise électrique. Une boursoufflure est présente sur mon branchement alternateur/régulateur. La Malédiction de la Prise Marron. Comme J-Chris quelques jours auparavant, celle-ci est complètement brulée de l’intérieur. Très impressionnant...



Il n'y en avait certainement plus pour très longtemps avant que ce soit la panne au bord de route. Ces prises sont réputées peu fiables avec le temps, un excès de poussières et de saletés entrainant certainement une surchauffe de l'ensemble. Une chance de m'en être aperçu. Je raccorde les fils avec de gros sucres et m'en vais sur Ibarra chercher un soudeur électrique, qui me refait un tout beau branchement. Ni l'alternateur, ni le régulateur ne sont touchés, nous pouvons nous remettre en selle.

Beaucoup d'heures pour une tout petite étape, voici le résumé des 35 kilomètres qui nous séparent d'Otavalo. Après remplissage des cuves, la moto de J-Chris ne redémarre pas. Il y a des périodes comme cela où les petites m..... s'enchainent, mais je confirme mon premier paragraphe, c'est toujours que du bonheur!!! Le bouton du démarreur ne donne rien, pourtant la batterie est bonne et recharge bien, la moto démarre en la poussant et se comporte normalement. Toute aide est bonne à prendre...


Décision est prise de se poser pour le week-end sur Otavalo, de chercher à tête reposée, au cas où le concessionnaire KTM de Quito n'est plus très loin...Faudrait quand même se trouver une belle descente pour démarrer car elle est un petit peu lourde la bête!! Otavalo, si près, mais si long à atteindre...



Le lendemain, samedi, c'est le jour du marché artisanal. Le centre ville est complètement fermé pour que les artisans des villages environnants viennent exposer. Les hommes et les femmes portent la tenue traditionnelle, on sent une très forte identité...




L'occasion de quelques achats souvenirs, on a dit "quelques", hein?!


L'endroit est paisible, authentique, tout en couleurs. Comme le marché de Chatuchak à Bangkok, c'est un véritable coup de cœur pour nous...





A la question fréquente de la part des autochtones "d'où venez-vous?", nous répondons bien évidemment "de Francia!". Ce qui de suite nous amène à parler football, car l'équipe de France rencontrera la sélection d’Équateur durant la phase de poule de la Coupe du Monde au Brésil. Maintenant, nous savons que ce sera le 25 Juin, ici il y a une grosse ferveur autour de la "Tri", l'équipe nationale...


La partie "comestible" du marché est tout aussi intéressante. Avec le traditionnel "fritada", cochon rôti dont on sort les morceaux de viande au fur et à mesure en commençant par l'arrière, et que l'on sert avec tout un tas de choses, salade, pommes de terre, vous connaissez la suite...





Juste le temps de digérer l'ami Porcinet, que nous partons pour le Parque Condor, au dessus de la ville. Ne croire personne quand on vous dit que c'est juste à côté, nous n'avons pas pris nos motos et avons du abdiquer pour un taxi en cours de route! Ce parc est un refuge pour rapaces, des oiseaux retrouvés blessés sont emmenés là pour soins, ou bien des saisies de la police provenant du marché noir. Le but principal est de pouvoir leur rendre leur liberté le plus rapidement possible. Le mauvais souvenir du pseudo centre animalier de Valle de Anton au Panama s'estompe rapidement lorsque nous voyons d'immenses volières, un à deux oiseaux dedans, le professionnalisme semble bien présent. L'occasion d'approcher de très près ces fabuleux prédateurs...




Ah, si les animaux pouvaient parler...


Les hiboux, tout en zénitude, attendant que la nuit tombe...




Le parc possède deux condors. Nous avons eu la chance de les observer en liberté lors d'un précédent voyage au Pérou, mais vu de près, celui que l'on surnomme le Seigneur des Andes, est réellement impressionnant...




Son envergure peut atteindre 3,50 mètres...


L'objectif de l'appareil photo l'intrigue également...


Autre grand moment, la présence d'un aigle harpie ou harpie féroce. Ses serres, plus longues que les griffes d'un grizzli, lui permettent de se nourrir, en autres, de singes ou bien de paresseux...



Certains rapaces ne sont pas en cage. Comme cette superbe pygargue à tête blanche, symbole des États-Unis. Il est également appelé "aigle chauve", car ses plumes blanches n’apparaissent pas avant l'âge de 7 ans...




Un faucon...


Ces derniers sont entrainés pour des démonstrations de vols. Le site, surplombant la vallée, offre un spectacle des plus sensationnels...









Tu ressorts de ce genre d'endroit le cœur léger, simplement heureux. Nous redescendons à pieds vers Otavalo, profitant de la vue et de la traversée de tout petits villages...


A 18 kilomètres d'Otavalo se trouve la lagune de Cuicocha. A 3000 mètres d'altitude, un bleu profond entoure ses deux petites îles...






Une partie de notre temps libre est consacré à la recherche du mal qui ronge Force Noire. Tout y passe. Relais, relais du démarreur, nettoyage du neiman et du bouton du démarreur, l'avantage d'avoir deux motos les mêmes pour pouvoir intervertir les pièces!! La trouvaille et la vérité d'une journée ne le sont plus le lendemain, bref, c'est électrique, ça c'est sûr, mais le mystère reste entier. Maintenant, le matin, c'est une séance "poussette" qui nous attend, également appelé "réveil musculaire". Sur la route, la moto se comporte tout à fait normalement...

Cap au Sud, direction Quito, capitale de l’Équateur. Passage hautement symbolique aujourd'hui, nous coupons cette ligne imaginaire qui sépare notre bonne vieille planète en deux hémisphères et que l'on nomme...attendez j'ai un trou...bon ça me reviendra après...


Ce monument là se trouve sur la route de Cayambe, et le monsieur qui s'occupe du site nous laisse entrer avec les motos. Je ne vous cache pas qu'il y a quelques frissons quand même, pour la première fois du voyage, nous passons dans l'hémisphère sud. En tout cas, le GPS et cette fameuse ligne sont en totale adéquation...


Alors, quel côté??


Latitude 0°00'000", la moitié du monde (damned, le panneau est trop haut pour coller un autocollant!)...



A 2 850m d'altitude, Quito est la seconde capitale la plus haute du monde, derrière La Paz en Bolivie. Nous naviguons sans trop d'encombres avec les motos et nous nous posons à la Casa Helbling, chez un allemand doté d'un humour très... BMW. Notre première démarche est d'aller faire un câlin au concessionnaire KTM qui a en stock mes joints pour faire la révision de la pompe à eau. Nous parlons au mécano du problème sur la moto de J-Chris, et après une après-midi de recherche, il apparaît que le régulateur de scooter acheté et modifié en Grèce, serait en cause. L'électrique a ses raisons, que la raison ignore, en tout cas ça refonctionne.

Fondé sur les ruines d'une ancienne cité inca, le centre historique de Quito est le mieux préservé et le moins modifié d'Amérique latine. Pour son architecture coloniale, celui-ci a été classé au Patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO...



Le monastère San Francisco...


La Basilica Del Voto Nacional, édifice aux proportions gigantesques...




Malgré le temps maussade, la visite est agréable. Si l'on peut se permettre un jugement et un avis strictement personnel, nous avons légèrement préféré les vieux quartiers de Bogotá en Colombie. Ceci n'engageant que nous, bien évidemment. Un dernier regard sur la ville...


...qu'il est déjà temps d'enfourcher nos montures. La partie Est de l’Équateur, ce sont les portes vers l'Amazonie, poumon de la Terre. Nous sortons des Andes par un col à plus de 4000m d'altitude, l'air y est vif, puis entamons une longue descente. Nous avons côtoyé  les lamas le matin, auprès desquels nous nous serions bien blottis pour avoir chaud, mais nous finissons la journée en short/claquettes sous la moiteur d'une pluie tropicale à Misahualli...



Un système de bateau-taxi permet de se faire déposer à divers points d'intérêts le long de la rivière. Étant en basse saison, il est difficile de remplir une barque afin d'obtenir un prix intéressant. Nous prenons donc nos motos et la piste de l'autre côté de la rivière pour atteindre un centre de soins pour animaux...


Par contre, ne pas essayer de faire le dernier kilomètre en moto, le "gué" semble bien profond. Il est préférable de se poster au bord de l'eau et de faire signe au premier bateau qui passe...



Le trafic d'animaux est très présent en Amazonie. Singes, oiseaux, serpents, le marché noir regorge d'espèces et bien malheureusement, d'acquéreurs. Quand on sait que certains perroquets peuvent se vendre plus de 4 000 dollars US...Comme au Parque Condor, la plupart des animaux présents ici sont des saisies de la police. Beaucoup ne pourront jamais être relâchés, comme ce toucan aux ailes coupées...


Tortues et caïman font bon ménage...





Certains sont entièrement domestiqués...


D'autres, complètement libres, viennent en voisin...



Dans la forêt amazonienne, un banal piquet de clôture (Gédimat, de préférence), peut facilement être habité par maman tarentule et sa centaine de rejetons...


Visite instructive, certains veulent tout s'offrir à n'importe quel prix, mais pas sûr de les voir pointer le jour où l'intelligence sera à vendre...
Pour pouvoir rentrer, eh bien, il faut qu'un taxi passe...



De retour au village pour la spécialité locale, le poisson ou le poulet au grill, dans sa feuille de bananier. Accompagné de yuka, c'est très bon...



Le "manège", pour les enfants, consiste à des tours de la place du village en voiture à pédales...


Parfois, Misahualli est envahit par un drôle de gang venu de la forêt voisine. Celui-ci sème la terreur dans le village...





Ce n'est pas au vieux singe...


Il y a des jours où il vaudrait mieux rester couché. Nous quittons Misahualli sous une fine bruine, les tenues de pluie sont mises préventivement, pensant à une averse passagère. La station-service, quelques kilomètres plus loin, sera notre dernier refuge au sec du jour. S'en suit plus de 140 bornes et 4 heures de route sous une pluie diluvienne, la flamme naissante d'une éclaircie se noyant bien rapidement à coup de trombes d'eau. Nous reprenons de l'altitude, la pluie te glace les entrailles, c'est rare les fois où tu n'as pas deux minutes de répit. Nous stoppons les machines à Banos de Agua Santa, priant pour que le premier "hostal" ne soit pas complet et que nous puissions nous mettre au sec. Ce fût le cas, les auberges de jeunesse sont légions en Amérique du Sud, c'est économique, une cuisine est à disposition et l'accueil, le plus souvent, bien chaleureux.

Banos de Agua Santa (normalement Banos s'écrit avec un tilde sur le n, donc prononcez Bagnos), est réputé pour la pratique de sports extrêmes mais également pour la fameuse Route Des Cascades. C'est la deuxième option qui nous tente le plus (trouillards). Celle-ci s'étend de Banos vers Rio Verde sur une vingtaine de kilomètres. Moi je l’appellerai plutôt la route aux tunnels où il pleut plus dedans que dehors, mais bon. Les bons points de vue s'enchainent...



A Rio Verde se trouve la cascade la plus impressionnante, El Pailon Del Diablo, le chaudron du diable...



80 mètres de hauteur, le bruit est assourdissant. De part un système de tunnels naturels dans la falaise, nous pouvons nous approcher de très près...



Comme si nous n'étions pas assez trempés en ce moment...


Le Chaudron, "y el diablo"...




Vue générale, au sec, et nous pouvons nous entendre parler...




Depuis notre entrée en Équateur, le temps n'est pas vraiment à la fête. C'est la première fois du voyage où nous enfilons les tenues de pluie tous les matins, en se demandant à quelle sauce on va être mangé durant la journée. Une fois n'est pas coutume, notre départ de Banos de Agua Santa s'effectue sous la grisaille. Nous atteignons assez rapidement notre objectif du jour...


Le volcan Chimborazo, 6 310 mètres d'altitude, est le point le plus éloigné du centre de la Terre. La route pour y accéder est absolument superbe. Nous bénéficions même d'une "aura" de lumière lors de notre passage. Majestueux...



Une belle piste d'environ 8 kilomètres, créée par le parc, permet de s'en approcher d'un peu plus près. L'accès est autorisé à tout le monde sauf...aux motos!


Vous sentez sûrement arriver mon coup de gueule. Troisième point du paragraphe "normes de comportements": "le motocyclisme n'est pas permis car il altère l'habitat des animaux et détruit la flore du plateau".
Je suis tout à fait d'accord sur le principe, mais en essayant d'avoir un raisonnement logique, tous les véhicules à moteur devraient être interdits, car j'ai beau chercher, je ne vois pas de différences entre une moto, un 4x4 ou bien un quad. Comme pour le volcan Cotopaxi, notre entrée est refusée.

Changement de programme, sans regrets, une épaisse brume envahit les lieux, juste le temps d'apercevoir quelques vigognes...




A plus de 4 300 mètres d'altitude, avec nos vieilles motos à carburateurs, celles-ci se comportent de belle manière. Les paysages andins sont extraordinaires et cette première partie équatorienne nous a enchanté. Tellement de sourires, de gentillesse et...de féculents, que cela donne envie de plonger vers d'autres lieux uniques. Allez, gaz...


2 commentaires:

  1. coucou ,vos photos sont très belles , les couleurs superbes les paysages et les animaux magnifiques , votre bonheur c'est un petit peu du notre aussi rien que de voir ces photos , et notre petit prof nous apprend plein de choses . Vous faites des envieux là ! gros bisous , gros bisous

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  2. Jamy le dépanneur17 juin 2014 à 07:01

    Mention spéciale pour le régulateur de tension grec pour bons et loyaux services !!!!!

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