lundi 18 août 2014

Du 17 au 29 Juillet - Winter is coming

Par Jean-Chris

La frontière bolivienne n'est qu'à une centaine de kilomètres de Puno. Nous décidons de ne pas faire le plein d'essence, le prix de la gasolina est plus élevé au Pérou, surtout près de la frontière.




Le passage frontière se fait rapidement, tampons photocopies et files d'attente, le train-train habituel. Nous profitons d'un taux de change très intéressant pour convertir nos derniers nuevo soles pour des bolivianos locaux. La Bolivie est réputée pour être un des pays les moins chers d'Amérique du Sud, et en effet nous trouvons à nous loger à Copacabana pour 50 bolivianos (soit 5,50€ environ), petit-déjeuner compris et parking sécurisé dans le hall de l'hôtel.

Depuis que nous sommes dans les Andes, l'hiver andin se fait bien ressentir. A Copacabana, 3810 mètres, on tombe encore de quelques degrés sur le thermomètre, un bon petit vent polaire en prime. Ne vous fiez pas à son nom, personne ne se baigne à la plage de Copacabana, Bolivie.

Copacabana et sa plage, à ne pas confondre avec son homonyme brésilienne

Quasiment un an jour pour jour après avoir quitté le lac Baïkal, nous voici au bord d'un autre lac mythique, le plus haut navigable au monde et un des plus vastes d'Amérique du Sud.





La petite ville est assez sympathique, même si on en fait vite le tour. En ce moment c'est la fête, les hommes jouent de la musique pendant que les mamacitas descendent quelques cervesas









Le petit marché est le cœur de la ville, on y trouve de tout pour des prix intéressants.




Le pop-corn local, attention à ne pas en abuser !

Le soleil est précieux à Copacabana. Près de la plage les bars ont aménagés leurs toits en terrasses, l'occasion de chercher un peu de chaleur en buvant un maté de coca.




Le lendemain, nous prenons un bateau de bon matin pour nous rendre à l'Isla del Sol. Une des nombreuses îles du lac, qui est supposé être au cœur de la mythologie Inca. Le bateau est d'une lenteur affligeante, et c'est avec joie que nous débarquons sur la côte nord de l'île, avec l'intention de rejoindre la côte sud à pied.


La balade est sympathique, même s'il ne faut pas trainer en chemin, l'heure du bateau de retour ne laisse pas beaucoup de marge. 










L'affluence touristique est grande et ça se ressent. Les billets d'entrées sont nombreux : un pour la partie nord de l'île, pour le chemin central, pour l'accès au port sud, plus d'autres sites annexes (que nous n'avons pas visités) et la partie sud. Si à la rigueur c'était demandé poliment avec un "bonjour" et un "merci" on n'aurait pas l'impression d'être pris pour des porte-monnaie ambulant...















La journée s'achève, le retour du bateau paraît interminable. Mais nous comprendrons bien vite pourquoi les bateliers naviguent à l'économie d'essence.

En effet, en voulant partir le lendemain, nous nous arrêtons à la station où on nous fait comprendre d'un air blasé qu'il n'y a plus d'essence et que la livraison s'effectuera dans deux jours... Copacabana tient la seule station-service de la péninsule, les plus proches sont sur la route de La Paz ou au Pérou ! La première solution étant hors de portée, nous nous gardons la deuxième sous le coude comme dernier recours.

Contre toutes nos attentes, la livraison aura bien lieu le jour dit. Nous partons avec Aure pour quelques heures de file d'attente pour négocier nos litres d'essence. Je dis bien négocier car la Bolivie, cas à part en ce bas monde, applique une règle spéciale pour les véhicules étrangers. Le prix de l'essence est fixe dans tout le pays, à savoir 3.74 bolivianos le litre (soit 0,41€ le litre), mais ce prix est uniquement destiné aux Boliviens. Un prix officiel s'applique aux étrangers, environ 8,90 bolivianos (0,98€), mais négociable si l'on demande d'être servi sin la factura (sans facture).

Bref, nous arrivons à obtenir notre précieux liquide (indice d'octane non précisé...) et prenons la route le jour suivant pour La Paz. Nous quittons la péninsule de Copacabana par le bac qui traverse le lac Titicaca, vieille barge branlante qui a réussit à nous amener à bon port.










Nous arrivons à La Paz, la capitale la plus haute du monde (3600 mètres), dans un trafic assez dense, mais pas trop anarchique comparé au Pérou. Nous nous rendons à une adresse fournie par Mark et Sanne (les motards australiens rencontrés à Cuzco), le Residential Sucre. L'endroit est bien situé et les motos trouvent leur place dans l'entrée de l'hôtel.

Nous partons nous balader. La ville est une grande fourmilière en permanente activité, après quelques jours passés à Copacabana, le choc est grand. Le point positif est que la ville est tellement polluée qu'il y fait plus chaud, merci les gaz à effet de serre ! 



Il n'y a pas vraiment de centre historique, quelques rues rassemblent les intérêts touristiques de la ville, notamment le marché aux sorcières, où l'on trouve toutes sortes de gris-gris, plantes médicinales et autres bébés lamas morts et desséchés... Oui, vous avez bien lu.  





 Nous partons au magasin KTM de la ville, histoire de se fournir en pièces détachées. La première adresse est une agence de voyages, avec plein de photos de KTM aux murs... On nous donne une autre adresse en ville, nous nous y rendons. Il s'agit d'une maison avec peint "KTM" sur son mur... et rien de plus. Nous trouvons quelqu'un qui nous amène vers une deuxième agence de voyages qui serait en rapport avec le garage KTM du coin. Quelques coups de téléphone plus tard, adresse en poche nous partons à la recherche du fameux garage. Nous le trouvons dans un coin paumé de la ville, le propriétaire n'a pas grand-chose, Aure prendra une paire de plaquettes de frein, histoire de ne pas repartir bredouille...

Le lendemain, nous partons pour la journée à l'assaut d'une route mythique d'Amérique du Sud. Surnommée El Camino de la Muerte, en anglais Death Road (la route de la mort si vous n'aviez pas déjà compris) est une ancienne route qui amène à Coroico, qui serpente à flanc de montagnes, offrant une vue imprenable et des précipices vertigineux. 



Le changement de climat est assez brutal. Nous quittons La Paz pour passer un col à plus de 4600 mètres avant de redescendre vers une forêt des nuages sous les 2500 mètres. La route est d'ailleurs masquée par la brume, ça arrange pas pour les photos mais ça aide à ne pas avoir le vertige !













La route est très prisée des touristes, elle est de ce fait bien entretenue, il y a même quelques rails de sécurité par endroit. Mais le plaisir est bien au rendez-vous, et la réalité à la hauteur du mythe.







Malheureusement, un éboulement s'est produit vers la moitié de la route, et un suicidaire pilote local à tenté de la franchir, au risque d'orner la route d'une croix de plus...



Le bulldozer étant prévu d'arriver d'ici 3-4 heures (heures boliviennes), nous faisons demi-tour, affrontant les hordes des VTTistes qui arrivent dans l'autre sens et qui pour la plupart ont du mal à rester en selle...

Retour à La Paz, et nous partons le lendemain, dans l'optique de rallier la petite ville d'Uyuni, célèbre pour le salar du même nom. 

Sur la route, la Force Noire nous oblige à un arrêt forcé à Oruro (3710 mètres), ville moche où il fait très froid. Plus de courant après un arrêt dans une station-service. L'après-midi passe à chercher une solution, sans succès. La moto restera à la station, garée dans la boutique. Tandis que nous partons en ville pour la nuit, à la recherche d'un hôtel avec internet (ça court pas les rues en Bolivie). La solution sera là le lendemain au réveil, on dit que la nuit porte conseil, eh bien Facebook aussi ! Merci encore à Stéphane ! 

Petite réparation à l'africaine : doublage du câble de masse de la batterie, on maintient le tout à grands coups de colliers rilsans et c'est reparti !


Finalement, la nuit passée à Oruro aura été salutaire. Sur les 330 kilomètres qui nous séparaient d'Uyuni, plus de 180 étaient de la piste, assez mauvaise par endroits : sable, grosse tôle ondulée, passage à gué avec des minis iceberg dans la rivière... Amusant, mais assez long !

La petite ville d'Uyuni (3670 mètres) n'est pas désagréable, même s'il n'y a pas grand-chose à y faire. Il faut lutter contre le vent glacial qui s'engouffre dans les rues dès que le soir tombe, mais à part ça, ça va... Nous avons posé les valises et les motos à l'hostel Avenida, le seul de la ville qui offre un prix convenable, un parking pour les motos et un état général décent. De plus nous sommes bien fournis en couvertures, car la nuit dans la chambre le thermomètre affiche -5° ! Pas de chauffage dans les chambres, ici on se chauffe au poil de lama !

Avant de partir sur le salar avec les motos, nous partons à pied pour le fameux cimetière de train à la sortie de la ville. 














Toute la ville est décorée à l'effigie du célèbre Touareg. Les motards du Dakar sont passés par la Sud-Lipez en Bolivie pour la première dois cette année, faisant de  Juan-Carlos Salvatierra, dit "Chavo", la nouvelle idole nationale.

Pour contrer le froid qui s'abat sur la ville alors que nous rentrons, nous trouvons refuge dans un petit bar. Et pour combattre le mal par le mal, nous nous payons une bonne bière bien fraiche !



Le lendemain il est temps de s'attaquer à un autre lieu mythique d'Amérique du Sud : Le Salar d'Uyuni. Petit topo : plus vaste désert de sel du monde avec une superficie de 10500 km2 (plus grand que la Corse), une épaisseur de sel qui varie entre 2 et 120 mètres, plus plat que le Plat Pays et sec seulement en saison sèche (sic), durant l'hiver austral.

"L'entrée" officielle du salar est à 25 kilomètres de piste d'Uyuni. L'occasion à Aure d'innover un peu, première crevaison du pneu arrière du voyage !


                                                                  Démontage
                                                           Décollage du pneu
 

Et changement de la chambre à air

Au loin, le salar nous nargue

Une fois réparée nous reprenons notre chemin, qui nous mène au salar. Et enfin, nous foulons de nos roues l'immensité du lieu, à faire palir la Baleine Bleue. (notez la rime)









C'est beau, c'est superbe, c'est magnifique, c'est plat, c'est immense, c'est salé. Rien de plus à rajouter, les mots manquent pour décrire la sensation de pouvoir juste regarder à l'horizon et d'observer la courbe de la Terre. 






Le poncho est de rigueur, il fait pas chaud !




Nous nous dirigeons vers l'île d'Inca Huasi, île de corail peuplée de cactus dont certains sont millénaires.











Après le pique-nique il est temps de se repartir vers la ville, la nuit tombe vite, et la température avec ! Nous nous arrêtons sur le chemin pour faire quelques photos "perspectives", comme les bons touristes que nous sommes. 














A la sortie, un petit coup de jet s'impose, sel et moto ne s'entendent pas très bien...



Ainsi s'achève le récit de notre première partie de notre bout de route en Bolivie. Pas refroidis par l'hiver, ni par les soucis mécaniques, ni par les galères pour avoir de l'essence ou par des policiers et un radar fantôme. La route continue après avoir marqué le jour d'une grande pierre blanche (et salée) notre passage par Uyuni.


5 commentaires:

  1. Supers photos ! On y arrive dans une quinzaine de jours.. votre article nous donne hâte d y être .. profitez bien du Bresil et de son soleil ..:-D
    Mat et Véro de bzh

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  2. Coucou ,c'était quoi à la place de tous ce sel une mer ? c'est impressionnant tout ce blanc , effectivement vous avez fait encore de très belles photos ...
    le froid ne vous empêche pas de gouter les bières locales hein ? allez continuez bien , je vous embrasse bien fort à bientôt

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  3. Oyé Oyé !
    Super article !
    Jean-Chris, tu te prends pour Big Boss avec ton Poncho ? ^^
    Choco

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  4. Toujours de belles photos, les dernières sur le lac, les effets sont très bons . A propos des bières avez vous eu l'idée de vous faire un collector avec les étiquettes de celles que vous avez goutées. Francis de Toulouse.

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