dimanche 2 novembre 2014

Du 06 au 19 0ctobre - Jusqu’au Bout du Monde…

Par Auré,



Une grosse brume bien épaisse nous accompagne pour notre sortie de la Péninsule de Valdès. Il n’y a qu’une centaine de kilomètres pour rejoindre Puerto Madryn, c’est alors qu’un petit évènement se produit dans notre petit train-train de voyageurs. Force Orange atteint la barre des 100 000 kilomètres. Ce moment de joie, ô combien important dans la vie d’une moto, nous aurions aimé le graver à jamais et ainsi vous le faire partager, mais je crois que l’écran du compteur a trop souffert des changements climatiques… 

 

Grosse cité balnéaire, Puerto Madryn nous accueille le temps d’une nuit afin de pouvoir donner quelques nouvelles via une bonne connexion internet. Le lendemain, ce n’est que quelques encablures plus loin, à Playa Union, que nous posons notre tente, puis partons dans la foulée pour un site exceptionnel, Punta Tombo.
Nous longeons la piste côtière et, sur les conseils d’un voyageur rencontré à Salta, nous faisons une première halte à Playa Escondida. L’occasion d’approcher de très, très près, des éléphants de mer.





Ce n’est pas qu’ils aient une activité débordante, mais notre présence intrigue quelque peu.





L’éléphant de mer est un apnéiste hors pair, il peut atteindre des profondeurs allant jusqu’à 1 600 mètres durant des plongées de près de 30 minutes. Les marques sur le dos attestent de violentes empoignades.



C’est assez incroyable de pouvoir approcher de tels mastodontes d’aussi près…



Mais bon, leur patience a également des limites…

 

Allez, on vous laisse tranquille maintenant…




Nous continuons la piste jusqu’à Punta Tombo, haut lieu de reproduction et de nidification pour les manchots de Magellan.

  

Non, pas chez vous les Boules de Poils, on a dit Punta Tombo, là où le manchot est prioritaire.



Voilà qui est mieux. Le manchot de Magellan se reproduit uniquement sur les côtes argentines et chiliennes, le reste du temps il le passe au Brésil. Pas fou le manchot. 





Chaque année, les mâles réinvestissent le même nid, et lorsque les femelles arrivent, ce sont près de 400 000 individus qui peuplent ce bout de côte !!






C’est absolument incroyable, il y a plus de manchots sur ces quelques hectares de collines que d’habitants en Corse !! La « mise à l’eau » s’effectue dans une petite crique abritée du vent, le manchot de Magellan peut parcourir jusqu’à 600 kilomètres pour trouver de la nourriture pour ses petits !!



  

Lorsque les œufs vont éclore, les nouveaux-nés seront sujets à de nombreux dangers, et notamment les rapaces, qui commencent déjà à prendre place.



Une journée fabuleuse au plus proche de la Nature…




… Et qui se termine par quelques tortas fritas/soupe…un goût unique…Il fait frisquet ce soir, et l’employé du camping nous invite dans le salon plutôt « cosy » de l’auberge attenante, franchement sympa, nous pouvons profiter du wifi.




La « Ruta 3 », route qui longe la côte Est de l’Argentine, est notre pain quotidien. Parfois monotone, de part ces longues plaines qui s’étendent à perte de vue, elle n’en garde pas moins un petit côté mythique quand même, car au final, on sait bien où elle mène… Les rares petits villages se résument souvent à une station-service, où il est bon de prendre un café chaud devant les autocollants de nos prédécesseurs. Une  vraie atmosphère…



Nous sortons de la route principale pour faire étape 70 kilomètres plus loin, au bord de l’eau, dans le village de Camarones. 




Les nuages chargés et le vent glacial se prête parfaitement au lieu, un chalut amarré au port attend patiemment d’aller relever ses lignes. Cité autoproclamée de la pêche au saumon durant les mois de novembre et décembre, Camarones, qui signifie crevettes en espagnol, est actuellement un petit village de pêcheurs bien paisible. A défaut de saumon, la dame du camping municipal prépare des barquettes de belles gambas qu’elle met en vente, pour le plus grand bonheur d’Émilie. Ou quand le camping devient de suite moins contraignant !!





Grand beau temps lors de notre réveil, nous décidons d’aller profiter de la réserve Cabo Dos Bahias, à une trentaine de kilomètres du village. D’après nos sources, il y aurait la maison de Florent Pagny dans le coin, mais c’est avec nos amis les manchots que nous irons converser. 





Différencions le mâle de la femelle, à chacun son interprétation…



Nous ne nous lassons pas d’être au plus près des animaux. L’observation peut se faire pendant des heures, il y aurait toujours une nouvelle photo à prendre, vive le numérique !!



  

Les guanacos font partie des habitants de la Patagonie. Savant mélange entre un lama et une vigogne, il n’en reste pas moins très peureux.




Côte escarpée, roche tirant sur le rouge, végétation rase, si l’on enlève les manchots on se croirait dans le désert des Agriates.







De retour à notre camping, nous avons longuement hésité pour notre dîner entre un succulent sachet de soupe et une nouvelle barquette de gambas…j’avoue, cela ne nous a même pas traversé l’esprit (la soupe !!).
Nous faisons étape à Caleta Olivia, lorsque nous reprenons la route au petit matin, nous avons l’agréable surprise de pouvoir approcher des lions de mer qui profite de la plage.





Tout comme leur lointain cousin l’éléphant de mer, ce n’est pas l’hyperactivité qui les étouffera. Cela est une belle opportunité d’approche, cette « crinière » qui n’est sans rappeler celle du roi de la savane et qui leur a valu ce nom de lion de mer.







La « Ruta 3 » et sa côte Atlantique possède bon nombre de stations balnéaires de plus ou moins grandes importances. Complètement vides à l’heure actuelle, celles-ci offrent néanmoins une halte sympa, très souvent un camping municipal, et une petite visite pour aller se dégourdir les jambes. Comme ce soir, à Puerto San Julian, où nous pouvons admirer une réplique du bateau de Magellan, qui accosta dans la ville lors de son tour du monde en 1520.






La Patagonie est indissociable d’Éole, Dieu du Vent. Ces immenses plaines à perte de vue en sont son terrain de jeu favori, pas le moindre dénivelé pour le faire ralentir. C’est donc dans ce schéma, avec notre frêle embarcation, que nous essayons de contenir ses assauts. Éole n’est pas content aujourd’hui, et notre route jusqu’à Rio Gallegos va être un véritable enfer. Le danger est permanent, les rails de sécurité, une butte de terre, tout ce qui peut couper le vent brutalement. Les rafales sont comme des coups de burin, essayer de les anticiper c’est tenter de ne pas finir sur la voie opposée. On se tasse sur la moto, le cou et le dos brulent, les cuisses sont tremblantes, il n’y a pas dix secondes de pause, l’on en vient à prier que le GPS nous indique un changement de direction !! C’est complètement sur les rotules et sous quelques flocons de neige que nous atteignons Rio Gallegos, une des dernières villes du continent américain.


De voir notre position sur la carte nous remplit de joie, bientôt la Terre de Feu !! Mais la Terre de Feu attendra bien un peu, petite surprise en ouvrant les rideaux. Le sol est verglacé, pas question de prendre de risques avec notre véhicule à seulement deux roues alignées.




Cela doit être une des premières fois du voyage que nous regardons la météo, feu vert, île de Terre de Feu nous voilà !! L’extrême sud du continent et l’île sont répartis entre l’Argentine et le Chili. Il nous faut donc, une première fois dans la journée, sortir de l’un pour aller chez l’autre. Tout se passe dans un même bureau, très facile, sauf que les douaniers chiliens n’acceptent aucunes entrées de viandes, fromages ou produits végétaux sur leur territoire. Nous connaissions cette loi, mais nous avons voulu tenter de passer deux malheureuses bananes pour notre repas du midi. Nous avons donc délibérément menti (honte à nous) à plusieurs douaniers qui nous ont posé la question, menti (re-honte à nous) sur le formulaire d’entrée, mais c’était sans compter sur l’arme ultime de la douane chilienne, j’ai nommé, le chien renifleur de bananes. En moins de trente secondes nous avons été débusqué, mais pas rancuniers pour un sous les gars, ils ont récupéré l’objet du délit et nous avons pu filer !!

Quelques encablures plus loin, c’est la fin du continent américain, le passage du Détroit de Magellan. Deux bacs font des rotations toute la journée, lorsque le monsieur qui souffle n’est pas trop de mauvaise humeur.






Détroit de Magellan, Terre de Feu, des noms mythiques qui en appellent d’autres, de grands marins, des explorateurs, de nombreuses pages d’Histoire, ça y est, nous y sommes…




Nous traversons la partie chilienne de l’île assez rapidement, pour nous retrouver pour la deuxième fois de la journée devant un poste frontière. Plus de bananes cette fois-ci, de toute façon les douaniers argentins n’en ont que faire, les passeports se tamponnent au rythme de la musique. Plein d’essence (très juste !!) à San Sebastian puis halte à Rio Grande pour ce qui fût une bonne journée.


Lendemain, première séquence d’une journée émotion, entrer le nom Ushuaïa dans le GPS, c’est pas tous les jours non plus !! Les kilomètres qui suivent Rio Grande sont identiques à depuis fort longtemps, mais rapidement nous entrons dans une forêt, flippante au début, vraiment sympa ensuite.


  

Un petit café, se dégourdir les doigts, puis nous attaquons nos « derniers » cent kilomètres. Les paysages sont vraiment jolis, nous longeons le Lac Fagnano. Les traces de la tempête de neige d’il y a quelques jours sont encore présentes mais le petit col est dégagé.



Comme l’envie d’apprécier chaque seconde, chaque mètre qui défile. Depuis la Corse, Saint Amans Soult, Oulan-Bator, Bangkok, San Francisco notre point le plus au nord des Amériques, sans oublier J-Chris et Force Noire, presque 17 mois de voyage jour pour jour et plus de 70 000 kilomètres parcourus, nous atteignons Ushuaïa.



Il y a autant de points de vue sur Ushuaïa qu’il y a de voyageurs. De ville infâme à endroit agréable, nous avons entendu toutes les déclinaisons possibles à son sujet. Notre première approche est plutôt positive, accueil chaleureux et détendu, la ville n’est pas aussi grande qu’on se l’imaginait. De part les bons tuyaux d’un réceptionniste, nous atterrissons à l’Hostel Yakush, excellente adresse. L’euphorie ne retombe pas, nous trinquons avec la bière locale, enfin une bière de caractère… et qui nourrit !!




Plus que la ville en elle-même, c’est le symbole que cela représente pour notre voyage. Mais, nous nous rangeons dans la catégorie de ceux qui trouvent l’endroit agréable, nous aimons à balader sur les berges du canal Beagle (tiens comme la bière, bizarre…).







D’abord armée puis maintenant un peu plus politique, l’Argentine livre bataille contre le Royaume-Uni depuis plus de trente ans pour l’appartenance des Iles Malouines ( Malvinas en espagnol, Falklands Islands pour les anglais). Nombreux panneaux de rappels le long des routes, et ici à Ushuaïa, une petite couche supplémentaire sur le port…



Le fameux panneaux avec toutes les directions…





Il ne fallait pas être devin pour anticiper que les prix des excursions allaient être assez onéreux. Passons sur la virée en Antarctique, officiellement l’excuse c’est que Emilie est malade en bateau, officieusement c’est que cela coûte plus de 4 000 dollars us par personne, nous aurions aimé aller voir le phare Les Eclaireurs, mais pour faire grimper le prix, le tour comprend des haltes pour les manchots et les lions de mer. Sans regrets, juste le bonheur d’être ici. Nous allons profiter des choses gratuites, si si, il y en a, comme mettre sa tête dans des trucs pour faire des photos marrantes et garder ainsi un souvenir impérissable d’Ushuaia !! (au fait, il faut prononcer « oussouaya » et non « ouchouaya »).




A seulement 1 000 kilomètres des premières côtes de l’Antarctique, coincé entre deux océans, les Andes pas très loin, les changements climatiques lors d’une même journée peuvent être nombreux et rapides. Nous profitons d’une journée magnifique pour aller pique-niquer du côté de Playa Larga, une vue superbe sur la ville devant nous.





Les arbres ont adopté une coupe « sens du vent »…





Voilà, nous avons dormi au Bout du Monde, mangé au Bout du Monde, marché au Bout du Monde. Mais également mis nos chaussettes au Bout du Monde, changés de slip au Bout du Monde (oui c’est vrai !), parlés avec des gens du Bout du Monde qui sont fait exactement comme nous, bref tout un tas d’activités du quotidien mais au Bout du Monde, donc c’était mieux !! Nous avons même fait tamponner nos passeports « Bout du Monde », encore quelque chose de gratuit en plus !!



Étrangement, lorsque nous repartons, nous avons un peu la gorge serrée. Comme pour un chemin retour des vacances, c’est un peu la vérité au final. De belles choses à voir nous attendent certainement encore, mais du côté ouest du continent cette fois-ci. Début de la remontée…


 





 

 

3 commentaires:

  1. Par l'intermédiaire de Jean-Michel, j'ai eu connaissance de votre incroyable aventure quand vous partiez de Corse et j'ai pris un réel plaisir à vous suivre.
    A des milliers de kilomètres et sans réellement vous connaître, j'arrive à ressentir toute cette émotion alors que la fin de la route est proche. Quelle expérience humaine, quel courage aussi, il vous a fallu. Sincèrement, toutes mes félicitations pour ce voyage qui m'a permis de m'évader à travers vos récits.
    Xavier.

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  2. coucou , que c'est jolie cette petite ville , ça m'a l'air bien tranquille , le petit port et cette couleur de mer magnifique , Aurélien , on dirait un vrai loup de mer . Mais j'avoue que j'ai un petit faible pour tous ses animaux que vous voyez , ils sont tellement beaux et leurs regards ..... on a envie de les protéger . Bon ses gambas elles sont comment ? on vous sent très heureux d'être arrivés au bout du monde , et nous on l'est pour vous , je vous fais de gros bisous et à très vite ....

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  3. Beau récit ! 100 000 kms, bravo ! Très belle performance !
    Vous nous avez presque réconciliés avec Ushuaia ! C'est marrant de découvrir cette ville à travers vos yeux !
    Bises à vous
    Mathilde et Daniel

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